
Une belle aventure que ces derniers mois, non ?
Une véritable aventure effectivement. Le
Mouv', dernière chaîne née du service public et seule
véritable radio à vocation nationale crée ces dernières
années en France totalise aujourd'hui près de 600 000 auditeurs
par jour, dispose de 18 fréquences dans de grandes agglomérations
et, tout en poursuivant son développement FM, se trouve aujourd'hui face
à des défis majeurs comme la montée en puissance d'Internet,
des nouveaux medias et des pratiques différentes du public jeune vis-à-vis
de la musique et de la radio. Une nouvelle génération d'auditeurs
– internautes et « multimédialistes » à convaincre
et à qui proposer de nouveaux contenus sonores.
Après un parcours de baroudeur (Couleur 3, la BBC,
RTL 2, Oui FM, RFI entre autres) tu t'es posé à Toulouse... depuis
1996... c'était une vraie volonté de prendre (et garder) pied dans
le service public ?
Les radios privées font un beau travail de manière générale,
mais il est vrai que j'ai un attachement particulier avec le service public, notamment
en radio. De part leurs contenus différents, leur recherche permanente
de qualité et de différence par rapport à l'offre des privées,
ces radios publiques représentent pour moi un espace sonore ou le sens
est aussi important que la forme, où l'audience et le gain ne sont pas
les seuls motifs de travail et de développement.
Il n'est pas courant à Radio France de passer d'animateur (d'autant
que les « animateurs » sont rares) à un poste de Directeur
des programmes pour finir Directeur, est ce le statut un peu particulier du Mouv'
au sein du groupe qui a permis cette ascension ?
Je crois qu'il n'y a pas vraiment de règle. C'est vrai que je suis le
plus jeune directeur de toutes les chaînes nationales du groupe Radio France.
C'est une preuve de confiance du Président Jean Paul Cluzel et une prime
à la jeunesse et à la passion. Le signe fort aussi d'une évolution
possible quel que soit son bagage initial si on le souhaite et si on y travaille
avec passion.
Concrètement ça change quoi d'être directeur, on a plus
de latitude mais on s'intéresse moins aux programmes forcément....
!?
On est forcément un peu plus éloigné du quotidien de l'antenne,
avec beaucoup de dossiers et services à superviser. On est sans doute un
peu moins sur l'antenne et un peu plus sur les aspects de développement
et la vision à long terme du média qu'on dirige. Mais on a toujours
une oreille attentive sur sa radio et je m'efforce de passer toujours le plus
de temps possible avec mes équipes. Ca donne des journées et des
agendas très chargés, mais quand on aime son métier, on ne
compte pas !
Comment fais tu pour rester objectif avec une équipe d'antenne dont
tu as partagé le quotidien pendant plusieurs années ?
C'est effectivement une situation particulière mais elle ne pose pas
de problème, bien au contraire. Parce que les équipes me connaissent
bien depuis des années, et parce que je les connais bien, le dialogue est
permanent et franc. De par ma position, je dois avoir une vision globale de la
radio de son présent et de son avenir, et c'est bien compris par tout le
monde. Mon passé et ma légitimité d'homme de radio avec plus
de 20 ans d'expérience dans le milieu des radios jeunes m'aident beaucoup.
Certaines décisions ne sont pas toujours faciles à prendre, mais
c'est aussi le travail d'un directeur que de faire les meilleurs choix dans l'intérêt
général des équipes et de la radio et de savoir faire partager
ses choix.

Comment l'animateur Stéphane Ramezi vit sa nouvelle condition loin du
micro?
Sans aucun problème. Je ne suis pas un frustré du micro et ça
ne me manque pas du tout. Parce qu'il faut accepter l'idée que de nouveaux
animateurs doivent prendre le relais, et parce qu'en plus de 20 ans de radio en
tant qu'animateur, j'ai eu la chance de travailler pour beaucoup de stations et
de formats différents, en France et à l'étranger. J'ai pratiquement
fait tout ce que j'avais envie de faire derrière un micro !
Quels sont tes projets pour le Mouv' ? Peut-on s'attendre à des surprises
?
Le monde de la radio est aujourd'hui à un véritable carrefour
avec les nouveaux comportements des jeunes avec les medias. La montée en
puissance d'Internet, des web radios, du podcast et des MP3, l'arrivée
prochaine de la radio numérique en France sont déjà en train
de changer la donne pour la radio FM, qui va probablement vivre une évolution
aussi forte que celle générée par l'arrivée des radios
libres il y a 25 ans. En tant que radio jeune du service public, Le
Mouv' doit bien sûr être présent sur ces nouveaux supports
et anticiper ces changements radicaux qui se profilent. Nous y travaillons beaucoup
en ce moment, et ce n'est à mon avis qu'un début !
Je sais que tu as beaucoup de boulot et des horaires de dingue, mais tu as
accepté sans réfléchir la mission que nous allons te confier,
celle de « piger » quelques animateurs... Pourquoi ?
Parce que j'aime la radio et j'ai du respect pour ceux et celles qui en font,
ou qui veulent en faire. Parce que comme Le
Mouv' défend les nouveaux talents de la musique ou du journalisme,
nous devons aussi aider et repérer les nouveaux talents de la radio. Ceux
et celles qui feront et nourriront ce média dans les prochaines années.
Parce qu'ils sont l'avenir !

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